Métamorphose culinaire

Tout se passait pourtant bien
Ils avaient bon maintien.
Ils échangeaient, discrets,
Je ne sais quels liens secrets.
Jusqu’au jour où quelques oignons
Ont tout perturbé, grognons.
Citrons, tout mignons,
Zestes sur la langue,
Font les fanfarons
Mais deviennent exsangues.
Indécises, les oranges
Tournoient sur elles-mêmes, étranges.
Sont-elles à l’envers ?
Sont-elles à l’endroit ?
Un petit rond en arrière
Et en avant, trois.
Jadis roses de plaisir, les radis
Creusent leurs joues, avant rebondies.
Et leur voisin, le concombre,
A l’air ridé et bien sombre.
Rouille de rage, les épinards
S’oxydent et sont en pétard.
Bouchon posé de côté,
Le lait tourne carré.
Il compte fleurette
A sa cousine, la crème, fluette.
Inquiets, les œufs ont triste mine,
Ils ont de l’albumine dans les urines.
Les oignons, avec application,
Continuent à instiller des larmes.
Dans le bac à réfrigération,
C’est l’alarme.
Pour détendre l’atmosphère,
Il n’y a qu’une chose à faire :
Pêle-mêle, les légumes
Côtoyant les agrumes
Agrémentés de quelques plumes
Vont changer de costume.
Ils peuvent, vraiment ravis,
Vivre une deuxième vie.
Et deviennent, drôle de cadeau,
Une peinture d’Arcimboldo.

L'été d'Arcimboldo (1573)

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