Archives de catégorie : Nature

La chrysomèle et les deux lézards

Une herbe avance à mes pieds.
Pas de vent alentour.
Quelle est cette curiosité
Que je n’avais vue jusqu’à ce jour ?

Une longue herbe dodue vert fluo
Portant une bête fluette sur son dos.
En fait, c’est tout le contraire :
Celle du dessus soulève ce qui est à terre.

C’est une chrysomèle rouge et noire qui vacille
En train de déplacer une énorme chenille.
Elle la tire, la pousse, la redresse.
Que va-t-elle en faire ? ça m’intéresse.

Elle arrive à la porter
Et avance avec rapidité
Lorsque survient un lézard
Qui ne passe pas là par hasard.

Il surgit hors du trou d’où tout il regarde
Et fond sur la chrysomèle sur ses gardes.
Il essaie d’attraper la chenille inerte
Mais c’est en pure perte.

A peine envolée la chrysomèle
Lui fonce dessus à tire d’aile.
Il doit battre en retraite dedans son trou
Alors qu’intervient un autre voyou.

Il est sur le mur à se réchauffer
D’où il peut tout voir, tout observer.
Il pense qu’il va pouvoir y arriver,
C’est comme si c’était fait.

Etait-ce voulu ? Pour moi ce n’est pas très clair.
Ils se sont rués ensemble en un éclair.
Sur l’insecte s’est jeté le premier lézard
Pendant que la chenille fut gobée par l’autre lascar.

Le champ de trèfles où tout venait de se dérouler
A été, pendant si longtemps, survolé
Par la sidérée chrysomèle
Que je suis partie, lassée avant elle.

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Rain

Inspiré par le ballet éponyme de Anne Teresa De Keersmaeker,
par l’oeuvre « Musique pour 18 musiciens » de Steve Reich
et la météo

Là.
Odeur
De pluie
Qui arrive.
Lourde senteur
De terre mouillée.
La terre implore les cieux.
Elle n’en peut plus d’attendre.
De cet impudique appel olfactif,
Fiévreuse, elle s’élance déjà vers eux
Leur criant son envie d’être fécondée.

Soudain,
Un silence se fait.
Un nuage passe, rapide.
L’herbe frémit sous sa caresse.
L’onde se propage de loin en loin.
Les premières gouttes tombent enfin.
Elles rebondissent comme des repentirs,
Puis glissent, se ratent ou se cognent, s’unissent
Se multipliant à l’infini, aigües comme des virgules.
Pizzicati assourdissants et joyeux,
Qui pénètrent cette terre avide.
Comment distinguer la terre du ciel
Tous deux intimement entremêlés
Tous deux géniteurs désormais.

L’air se fait plus léger.
Le ciel est bleu tendre.
La terre apaisée
Va pouvoir attendre
Les semis
de l’été.

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Le merle

Chant du merle noir, Utrecht, Pays-Bas, trouvé sur Wikipedia

Aujourd’hui c’est la fête,
Le merle chante à tue-tête.
L’air est froid, le ciel bleu.
Ca le rend tout heureux.

Je voudrais que son chant pur,
Qui résonne sur cette place, dure…
Car j’aime cet air de fête,
Et le merle qui chante à tue-tête.

Ce beau merle vêtu de noir
Pour la vie établit son territoire.
De ce son cristallin, il appelle
Celle qui sera sa femelle.

Je ne suis plus à Paris, je suis sur pause
Je courrais pour pas grand-chose.
Pour des courses de chaque jour,
Rien qui vaille ce chant d’amour.

Comme une bulle me voici légère
Car soudain voici que j’espère :
« Bientôt viendra le printemps »
Annonce le merle chantant.

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Perséïdes

Ce soir, je regarde les étoiles filantes
Glisser dans le ciel, silencieuses.
Ces poussières glacées lumineuses
M’incitent à rêver, captivantes.

Elles semblent venir de Persée,
Cette constellation qui paraît danser.
Voici venu le rendez-vous annuel
De la comète originelle.

Leur retour invariable
Entraîne dans leur sillage,
Tout au long de leur voyage,
Des vœux innombrables.

Mon doux ange, mon petit oiseau,
Voici venue la nuit de San-Lorenzo
Dure pour d’autres en d’autres endroits,
Mais si belle à présent pour moi.

Tu es en visite, mon enfant,
Et ton rire triomphant
Me fait souhaiter que de génération en génération
Du meilleur, pour vous aussi, accompagnera leur apparition.

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Ecoute le bruit de l’immensité !

Sortir, à la tombée de la nuit.
Te fermer à tout bruit
Quotidien et domestique.
C’est le moment critique
Où juste Altaïr luit.

Te laisser aspirer dans un puits
Sans fond. Un monde la suit.
La polaire, le Nord t’indique.
Ecoute le bruit de l’immensité !

Apparaissent Arcturus et Véga puis
Vois ce monde qui se dilate et fuit.
Vide intersidéral prolifique
A la beauté cosmique
Où le temps de la distance est le fruit.
Ecoute le bruit de l’immensité !

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Averse en mai

La dernière fois que j’avais levé le nez,
Le ciel uniformément crème m’avait étonnée.
Des bruits montaient jusqu’à moi,
Qu’habituée, je n’entendais plus, toutefois.
Je travaille, penchée sur mon ordinateur,
Nullement préoccupée de l’extérieur.
Pourtant, un subtil changement.
Sans détacher mon regard de l’écran
J’allonge le bras lentement
Et tourne le variateur d’un cran.
Faisant ce geste, je réalise
Qu’il n’est pas l’heure d’allumer.
Je redresse alors la tête surprise
Et comme sur une palette, je vois germer,
S’effilocher et s’entrecroiser
Toutes sortes de bleus et de grisés.
Bleu de Prusse et fer
Sont en train de se défaire,
Relayés par l’anthracite
Que pétrole et ardoise phagocytent.
Silence. Le monde est insonore.
Il ne pleut pas encore.
Mais une sacrée saucée
Est en train de s’amorcer.
Et soudain
Des coups de gourdin :
Dehors
Les gouttes tapent fort.
Mais une fois encore
La lumière a devancé le bruit :
Un rideau translucide luit
Reflétant éclats argent et or.
Pas le temps de tomber à la renverse
Il ne reste déjà plus de cette averse
Qu’un ruisseau glissant silencieusement
En vagues sur les toits des bâtiments.

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