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Dépendance

Chantonnant, nez en l’air,
J’avançais rêveuse et légère
Ignorant qu’en un clin d’œil
De mon autonomie je ferai le deuil.

Heureusement, nous sommes ainsi faits
Qu’il nous est impossible de voir venir
Les maux que nous prépare l’avenir
Ou nous vivrions catastrophés.

Dur retour à la réalité
Lorsque j’ai vu le trottoir
S’approcher avec célérité.
Pas le temps de m’émouvoir.

Oui, mais ça a craqué
Et ma vie a bifurqué.
Oh pas définitivement,
Mais suffisamment.

Assez pour comprendre
Ce que c’est que de dépendre
Des autres. Soudain se sentir vieux
Même si c’est pour aller mieux.

Sans cesse avoir l’impression de déranger
Mais demander de l’aide pour pouvoir se laver
Et s’habiller sans rien aggraver.
Attendre, comme un enfant, pour manger.

Se vouloir discret, se vouloir indulgent
Devant la perte de temps pour l’entourage.
Mais en même temps se savoir exigeant
Plein de douleurs, plein de rage.

Ravaler son amour-propre mal placé
Devant toute cette sollicitude.
Cette étape va bientôt être dépassée
Bientôt, on retrouvera ses petites habitudes.

En fait, on m’a aidée sans retenue
Et sans cette chaîne de générosité
Alors que j’étais accidentée,
Je ne sais ce que je serais devenue.

Il n’est pas toujours facile d’aider
Mais je sais à présent que d’être dépendant,
D’être de soi dépossédé,
L’est encore moins cependant.

Faire intervenir des institutions
Ne devrait être que l’unique solution
Pour qu’avec nos proches à nos côtés
Nous puissions vivre en toute égalité.

Avoir autre chose à leur offrir,
Que l’on soit ou non introverti,
Que la vue d’un corps décati
Même si par amour ils peuvent le souffrir.

Et sans arrière-pensée qui trotte
Pouvoir rester tête haute
Et n’avoir plus avec eux
Que des échanges affectueux.

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