Archives de catégorie : Ressenti

Rain

Inspiré par le ballet éponyme de Anne Teresa De Keersmaeker,
par l’oeuvre « Musique pour 18 musiciens » de Steve Reich
et la météo

Là.
Odeur
De pluie
Qui arrive.
Lourde senteur
De terre mouillée.
La terre implore les cieux.
Elle n’en peut plus d’attendre.
De cet impudique appel olfactif,
Fiévreuse, elle s’élance déjà vers eux
Leur criant son envie d’être fécondée.

Soudain,
Un silence se fait.
Un nuage passe, rapide.
L’herbe frémit sous sa caresse.
L’onde se propage de loin en loin.
Les premières gouttes tombent enfin.
Elles rebondissent comme des repentirs,
Puis glissent, se ratent ou se cognent, s’unissent
Se multipliant à l’infini, aigües comme des virgules.
Pizzicati assourdissants et joyeux,
Qui pénètrent cette terre avide.
Comment distinguer la terre du ciel
Tous deux intimement entremêlés
Tous deux géniteurs désormais.

L’air se fait plus léger.
Le ciel est bleu tendre.
La terre apaisée
Va pouvoir attendre
Les semis
de l’été.

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Coeur patchwork

En hiver lorsque fleurissent crocus et perce-neiges
J’ai le cœur atone, dans les blancs, dans les beiges.
D’un crème doux qui protège du froid
Tout engourdi, loin de tout émoi.

Le voici tout petit, tout rabougri
A l’instar des toits devenu tout gris.
A peine perceptible, couleur d’horizon
Le temps que passe cette saison.

Lorsque les jours insensiblement rallongent
Mon cœur s’éveille de l’hivernal songe.
Poudré, irisé, le voici qui reflète
Herbe frisquette et blanches pâquerettes.

Soudain, après quel signal ? la nature explose.
Mon cœur chatoyant à son instar ose :
De lilas, amande et rose il se teint
Avant que d’entrevoir le tien comme un festin.

Lorsqu’il se met à faire chaud,
Que toute chose se meut lentement
Le voici ambre, rouge ardent jusqu’à épuisement
Prêt à se donner comme artichaut.

Mais la bise fraiche revient
Ne laissant derrière elle qu’un goût de bonheur
Fil de la vie qui retient
Les morceaux multicolores de mon cœur.

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Maison de vigne

Une petite maison
Sans tuffeau ni ardoise
Une petite maison
Pas très bourgeoise.

Posée sur le coteau
Comme un château
Mais sans barrières,
Humble comme chaumière.

Abri pour des outils
Refuge des viticulteurs
Contre la pluie, la forte chaleur
Quand le travail ralentit.

On y partage le casse-croûte :
Rillettes et saucissons,
Côteau-du-Loir et Jasnières sans doute,
Entre amis, sans façons.

Et lorsqu’elle est désertée
De toute activité
Les amoureux s’y enlacent,
Tendrement s’y embrassent.

Une maison de vigne
Toujours nous fait signe.
On y va en toute saison
Quelle qu’en soit la raison.

Modeste apparition
Chargée de souvenirs.
Réceptacle d’émotions,
De travail, câlins et rires.

Je l’avais oubliée
Sans que je le sache.
Mais sur ce ciel d’orage acier,
Blanche, elle se détache.

Et perdue dans un autre temps,
Tel un cep, je reste plantée
A l’observer en cette fin d’été,
Étonnée de la reconnaître tant.

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Le merle

Chant du merle noir, Utrecht, Pays-Bas, trouvé sur Wikipedia

Aujourd’hui c’est la fête,
Le merle chante à tue-tête.
L’air est froid, le ciel bleu.
Ca le rend tout heureux.

Je voudrais que son chant pur,
Qui résonne sur cette place, dure…
Car j’aime cet air de fête,
Et le merle qui chante à tue-tête.

Ce beau merle vêtu de noir
Pour la vie établit son territoire.
De ce son cristallin, il appelle
Celle qui sera sa femelle.

Je ne suis plus à Paris, je suis sur pause
Je courrais pour pas grand-chose.
Pour des courses de chaque jour,
Rien qui vaille ce chant d’amour.

Comme une bulle me voici légère
Car soudain voici que j’espère :
« Bientôt viendra le printemps »
Annonce le merle chantant.

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Perséïdes

Ce soir, je regarde les étoiles filantes
Glisser dans le ciel, silencieuses.
Ces poussières glacées lumineuses
M’incitent à rêver, captivantes.

Elles semblent venir de Persée,
Cette constellation qui paraît danser.
Voici venu le rendez-vous annuel
De la comète originelle.

Leur retour invariable
Entraîne dans leur sillage,
Tout au long de leur voyage,
Des vœux innombrables.

Mon doux ange, mon petit oiseau,
Voici venue la nuit de San-Lorenzo
Dure pour d’autres en d’autres endroits,
Mais si belle à présent pour moi.

Tu es en visite, mon enfant,
Et ton rire triomphant
Me fait souhaiter que de génération en génération
Du meilleur, pour vous aussi, accompagnera leur apparition.

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Une odeur de neige

La porte en grand s’est ouverte.
Une collègue est passée alerte
Et, dans son cortège,
Est entrée une odeur de neige.

Odeur de froid, odeur d’espace et de pureté
Accompagnée de bruits étouffés et ouatés.

J’écoute et ressens, emmitouflée,
Yeux plissés, aveuglés par les reflets.
Un flocon tombe sur ma joue, minuscule,
Et pourtant il me glace et me brûle.

Des mélèzes antiques semblent implorer,
De leurs bras rachitiques, les rayons dorés.
Au loin crie un rapace
Donnant à la scène son espace.

Un battement de cils, de cœur
Et me revoici assise
Au bureau d’où cette odeur
M’avait subtilisée par surprise.

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Le doute

Comme dirait le poète,
« Il suffit de traverser le pont ».
Mais pourquoi, comme dans la chansonnette,
Franchir les frontières d’un bond ?

Au propre comme au figuré,
Moi je préfère l’entre-deux
Avant que de m’aventurer
Dans un monde hasardeux.

Attendre entre deux berges,
Observer les mondes possibles,
Pour, de toute idée préconçue vierge,
Avancer vers plus tangible.

Artémis, déesse des limites,
Doit veiller sur moi depuis longtemps
Car indéfiniment j’hésite
Et piétine, me consultant.

L’heure avance sur ma montre,
Mais je reste ainsi entre deux rives
A peser le pour et le contre
Cependant que les gens vivent.

Pour profiter de la vie,
A présent il est trop tard
Même si j’en ai envie.
Ah que n’ai-je écouté Ronsard !

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