Regards dans le métro

Je suis dans le métro
Où, sans un mot de trop,
L’adolescent fanfaron,
Fait aux filles les yeux ronds.

Et encore ce matin,
Un homme, sur un strapontin,
Sur ses rêves, paupières clauses,
Se laisse aller à sa narcose.

Regards inquisiteurs de vieilles femmes,
Yeux plissés pour mieux voir,
Observent, à la bouche le blâme,
Les nymphettes court vêtues de noir.

Visages avenants et regards d’excuses
De deux personnes qui se sont heurtées.
Regards indiscrets, sur la page, jetés,
De la voisine, dans son livre recluse.

Regards qui se dérobent, évitent,
Pour ne pas croiser
Celui de robots automatisés
Qui pourraient s’énerver vite.

Regards passionnés d’amoureux
Qui se cherchent et se prennent,langoureux,
Echanges avec les yeux d’un baiser sur la bouche
Bien que leurs corps ne se touchent.

Yeux écarquillés, émerveillés,
De ceux de Gelsomina frères,
De cet enfant piaffant, éveillé,
Et debout en un éclair.

Regard implorant du mendiant
Qui survit d’expédients
Enfermé dans sa solitude
Loin de toute sollicitude.

Mes yeux retrouveront les vôtres, peut-être,
A notre prochain voyage.
Et par ce commun bagage
Nous apprendrons à nous connaître.

Déjà, à vous tous, de nouveau, je pense.
De nous, ils disent tout sans ambivalence.
Yeux rayonnants de ceux qui n’ont vécu que du bien
Ou yeux éteints de celui qui n’attend plus rien.

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2 réponses à Regards dans le métro

  1. eleonor dit :

    j’ai entendu dire que par peur, personne ne regardait personne dans le métro, nous prouverais- tu le contraire ? Suffirait il de regarder, pour voir !

  2. Jasnièrane dit :

    Bonsoir Eléonor,
    Oui, suffirait de trois fois rien. Je pourrais te raconter l’histoire d’un jeune homme qui s’est endormi sur mon épaule, ce qui a bien fait rire les gens assis en face de moi, de l’homme qui faisait des tours de magie tellement minables qu’il a fait rire pas mal de monde, de jeunes en train de s’interroger sur des noms de capitales et qui en savaient tellement peu que j’ai joué avec eux, des gens que je rencontre presque tous les jours et à qui j’ai inventé une vie, de la femme qui se parle toute seule et que je vois au salon de coiffure, toujours intarissable mais cette fois avec sa sœur. Je m’y pose des questions sans queue ni tête (comme les rames), du style : que deviennent deux conducteurs amoureux qui conduisent sur des lignes qui ne se croisent jamais…

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