Archives de catégorie : Scènes de tous les jours

Un drôle d’oiseau

Il est tôt. Le soleil apparaît
Et progressivement transparaît
Comme au lever d’un rideau,
Son quotidien cadeau.

Mais ce matin sur le toit d’en face,
Quelque chose d’insolite,
Une impression fugace,
Arrête mon regard bien vite.

Il suffisait de peu que je la loupe.
Mais sur fond rosé, une ombre se découpe.
Étonnée, je me suis levée
Afin de mieux l’observer.

Hiératique, surplombant toits et nids,
Largué par un mystificateur
Se réjouissant en catimini
De la surprise des observateurs,

Ou, comme Izo,  arrivé, avec l’onde,
Sans passé, sans mémoire,
Perméable comme buvard
Aux bonheurs nostalgiques du monde,

Il est assis, Robinson, sur son île
Observant fixement l’horizon ;
Défiant la hauteur et l’inclinaison
Du toit ; on ne peut plus tranquille.

Loin de la foule inquiète
Qui, ses moindres gestes, guette,
Il inspire profondément et s’émerveille
De tout ce qui, en dessous, s’éveille.

Puis il se redresse, et se met à bailler
Car voici l’heure d’aller travailler.
Au fait, il faut vous dire que ce glaneur
De beautés est dans la vie un ramoneur.

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Publié dans Métiers, Paris, Scènes de tous les jours | 3 commentaires

Un gourmand grégaire

Il mange des bonbons,
Les trouve-t-il bons ?
Ou est-il simplement accro
Rivé à son micro ?

Il achète à foison
Toutes sortes de paquets.
De quoi nourrir un banquet
En toute saison.

Il y a les jaunes citron et les verts,
Ceux qui font grimacer de travers ;
Sans oublier les noirs à la réglisse,
Qui sont un pur délice !

Vous pensez que malgré son allure
Il n’a plus vraiment l’âge ?
Tout ce sucre va devenir une vraie gageure
Ca n’est pas très sage !

Ce serait le sous-estimer
Car, en dehors de les aimer,
Ces bonbons sont l’appât alimentaire
De ce gourmet grégaire.

Et dans son bureau vitré
Défile toute une ronde
Passe tout un monde
Irrésistiblement attiré.

Cependant que les mains plongent
Pour attraper ces couleurs
Ses visiteurs songent
Et lui parlent avec chaleur.

Et notre gourmand se régale
De ces visites amicales,
De ce moment sacré
Du partage sucré.

Bonbons gélifiés

Les appâts

Publié dans Amis, Portraits, Scènes de tous les jours | 2 commentaires

Soif d’amour maternel

Dans le bus un enfant crie,
Désespéré, malgré sa jeunesse ;
Tangible est sa détresse.
Tendrement des gens lui sourient.

Mais ça n’est pas pour eux
Que régulièrement sa mélopée s’élève.
Il veut l’amour de sa mère, il en crève.
On le voit, il ne doit rien lui arriver d’heureux.

Lui, il est là, tassé contre la portière, tout petit,
Comme s’il avait besoin d’être abrité.
Elle, elle lui glisse un regard sans empathie
Et même, parfois, de dureté.

Un mot d’elle ça serait déjà bien
Ca serait entre eux un lien.
Mais derrière ce regard vitreux
On soupçonne tout autre contact désastreux.

A l’arrêt, la famille descend.
Contre une terrasse de café il se rencogne
Tandis qu’effectivement sa mère le cogne.
Du bus, les regarder est indécent.

Il est difficile d’intervenir dans la vie d’autrui
Et contre la violence d’une mère,
Simplement soupçonnée, qu’aurais-je dû  faire ?
Depuis, ce souvenir me poursuit.

Publié dans Coups de gueule, Scènes de tous les jours | Marqué avec | 2 commentaires

Regards dans le métro

Je suis dans le métro
Où, sans un mot de trop,
L’adolescent fanfaron,
Fait aux filles les yeux ronds.

Et encore ce matin,
Un homme, sur un strapontin,
Sur ses rêves, paupières clauses,
Se laisse aller à sa narcose.

Regards inquisiteurs de vieilles femmes,
Yeux plissés pour mieux voir,
Observent, à la bouche le blâme,
Les nymphettes court vêtues de noir.

Visages avenants et regards d’excuses
De deux personnes qui se sont heurtées.
Regards indiscrets, sur la page, jetés,
De la voisine, dans son livre recluse.

Regards qui se dérobent, évitent,
Pour ne pas croiser
Celui de robots automatisés
Qui pourraient s’énerver vite.

Regards passionnés d’amoureux
Qui se cherchent et se prennent,langoureux,
Echanges avec les yeux d’un baiser sur la bouche
Bien que leurs corps ne se touchent.

Yeux écarquillés, émerveillés,
De ceux de Gelsomina frères,
De cet enfant piaffant, éveillé,
Et debout en un éclair.

Regard implorant du mendiant
Qui survit d’expédients
Enfermé dans sa solitude
Loin de toute sollicitude.

Mes yeux retrouveront les vôtres, peut-être,
A notre prochain voyage.
Et par ce commun bagage
Nous apprendrons à nous connaître.

Déjà, à vous tous, de nouveau, je pense.
De nous, ils disent tout sans ambivalence.
Yeux rayonnants de ceux qui n’ont vécu que du bien
Ou yeux éteints de celui qui n’attend plus rien.

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Trajet

Partir,
Courir.
Puis j’attends.
Pas très longtemps.
Mais c’est déjà trop :
Il n’est pas tôt.
J’aimerais être arrivée
Avant de m’être levée.
Enfin arrive la rame
J’entends son lointain tam-tam,
Rythme matinal
De notre capitale.
Agacée,
Pousser.
Puis se laisser
Bercer.
Dans le wagon bourré
Danser, serrés.
Au rythme des cahots,
Nous allons au boulot.
Allegro molto
Ma non tropo.
Ne pas oublier la chance
De pouvoir suivre cette cadence.
D’autres nous envient
Cette vie.

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