Archives de catégorie : Métiers

Un drôle d’oiseau

Il est tôt. Le soleil apparaît
Et progressivement transparaît
Comme au lever d’un rideau,
Son quotidien cadeau.

Mais ce matin sur le toit d’en face,
Quelque chose d’insolite,
Une impression fugace,
Arrête mon regard bien vite.

Il suffisait de peu que je la loupe.
Mais sur fond rosé, une ombre se découpe.
Étonnée, je me suis levée
Afin de mieux l’observer.

Hiératique, surplombant toits et nids,
Largué par un mystificateur
Se réjouissant en catimini
De la surprise des observateurs,

Ou, comme Izo,  arrivé, avec l’onde,
Sans passé, sans mémoire,
Perméable comme buvard
Aux bonheurs nostalgiques du monde,

Il est assis, Robinson, sur son île
Observant fixement l’horizon ;
Défiant la hauteur et l’inclinaison
Du toit ; on ne peut plus tranquille.

Loin de la foule inquiète
Qui, ses moindres gestes, guette,
Il inspire profondément et s’émerveille
De tout ce qui, en dessous, s’éveille.

Puis il se redresse, et se met à bailler
Car voici l’heure d’aller travailler.
Au fait, il faut vous dire que ce glaneur
De beautés est dans la vie un ramoneur.

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Publié dans Métiers, Paris, Scènes de tous les jours | 3 commentaires

La lavandière

Je sais à peine lire et écrire
Mais j’adore faire des blagues et rire.
A l’école, les maîtres se moquaient de moi
Et je n’arrive pas à savoir pourquoi.

Les gens disent à mes parents que je suis belle
Et moi, au lavoir, je bats les draps de l’hôtel.
Penchée au dessus de l’eau qui coule
Je frotte, je frotte de mes mains pleines d’ampoules.

Je ne sais même pas rêver.
Ca n’est pas ainsi que l’on m’a élevée.
Je ne sais même pas si ma vie est un mélo
Ne vivre que pour une seule chose, le boulot.

Ceux du village sont à peine mieux lotis.
De la vie des autres, nous ne sommes pas avertis.
J’ai froid, je gèle et j’aimerais rentrer
Mais si je le faisais mes parents me battraient.

Il paraît que je leur donne du fil à retordre.
Oui, je n’aime pas obéir aux ordres.
Et mes genoux douloureux
Amortissent mes coups de battoirs vigoureux.

Hier mon frère m’a emmenée valser.
Qu’est-ce que je me suis fait tabasser
Car ma photo était dans le journal
Qui relatait qu’il y avait eu un bal.

Mais je m’en fiche. Tant pis pour les coups
J’ai été heureuse un moment.
J’ignore même que je ne saurai donner beaucoup
Lorsque je serai, à mon tour, maman.

Pour l’instant, en bas de la rue de l’Abreuvoir
Rivée à cet inévitable lavoir,
Comme le dira la chanson, je tape, je tape.
La vie n’est-elle qu’une chausse-trappe ?

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