Archives de catégorie : Paris

Un drôle d’oiseau

Il est tôt. Le soleil apparaît
Et progressivement transparaît
Comme au lever d’un rideau,
Son quotidien cadeau.

Mais ce matin sur le toit d’en face,
Quelque chose d’insolite,
Une impression fugace,
Arrête mon regard bien vite.

Il suffisait de peu que je la loupe.
Mais sur fond rosé, une ombre se découpe.
Étonnée, je me suis levée
Afin de mieux l’observer.

Hiératique, surplombant toits et nids,
Largué par un mystificateur
Se réjouissant en catimini
De la surprise des observateurs,

Ou, comme Izo,  arrivé, avec l’onde,
Sans passé, sans mémoire,
Perméable comme buvard
Aux bonheurs nostalgiques du monde,

Il est assis, Robinson, sur son île
Observant fixement l’horizon ;
Défiant la hauteur et l’inclinaison
Du toit ; on ne peut plus tranquille.

Loin de la foule inquiète
Qui, ses moindres gestes, guette,
Il inspire profondément et s’émerveille
De tout ce qui, en dessous, s’éveille.

Puis il se redresse, et se met à bailler
Car voici l’heure d’aller travailler.
Au fait, il faut vous dire que ce glaneur
De beautés est dans la vie un ramoneur.

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Au plus dense de la nuit

Au plus dense de la nuit
Deux faisceaux pivotent et se croisent.
Inlassablement, le phare luit
Que l’on voit de loin ou d’à peine quelques toises.

Tel le navigateur  perdu en pleine mer
Luttant contre les éléments déchaînés
Tu aperçois cette lumière régulière
Qui pourrait te dire que tu n’es pas abandonné.

Mais tu ne vis pas dans le même monde.
Tu ne navigues pas, seul,  sur l’onde.
Ce que tu fends, c’est la foule
Que tu conçois comme une hostile houle.

Et te cognant contre tes semblables
Que tu maudis, les prenant pour des écueils,
Tu lèves, vers la tour, un regard implacable
D’on ne sait quelle illusion en deuil.

Cette lumière qui paraît s’astreindre
Sans cesse à s’allumer et s’éteindre,
Couronnant des milliers de scintillements,
T’excède prodigieusement.

Et tandis que cette véritable Tour de Babel
Attire dans ses bras lumineux de dentelle
Une hétérogène mais soudée multitude
Sa magie même t’exclut et te renvoie ta propre solitude.

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