Archives de catégorie : Portraits

Un gourmand grégaire

Il mange des bonbons,
Les trouve-t-il bons ?
Ou est-il simplement accro
Rivé à son micro ?

Il achète à foison
Toutes sortes de paquets.
De quoi nourrir un banquet
En toute saison.

Il y a les jaunes citron et les verts,
Ceux qui font grimacer de travers ;
Sans oublier les noirs à la réglisse,
Qui sont un pur délice !

Vous pensez que malgré son allure
Il n’a plus vraiment l’âge ?
Tout ce sucre va devenir une vraie gageure
Ca n’est pas très sage !

Ce serait le sous-estimer
Car, en dehors de les aimer,
Ces bonbons sont l’appât alimentaire
De ce gourmet grégaire.

Et dans son bureau vitré
Défile toute une ronde
Passe tout un monde
Irrésistiblement attiré.

Cependant que les mains plongent
Pour attraper ces couleurs
Ses visiteurs songent
Et lui parlent avec chaleur.

Et notre gourmand se régale
De ces visites amicales,
De ce moment sacré
Du partage sucré.

Bonbons gélifiés

Les appâts

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Bébert la valise

En route pour le bureau
Il n’avait rien d’un tourtereau.
Son gros cartable pesant de tout son poids
L’obligeait à s’arrêter parfois.

De travail, comme de tout, il était boulimique.
Homme d’affaires au maintien sérieux
Démenti par son regard tendrement ironique.
Toujours flanqué de ce compagnon mystérieux.

Il avait le cœur et le corps sinistrés
Mais jamais il ne le montrait.
Sa première famille était partie en fumée
Mais une énergie vitale l’animait.

Qu’est-ce donc qui le poussait à cet exploit
D’avancer, boitant tel un balancier
Faisant en permanence contrepoids
A cette lourde charge de dossiers?

Se put-il que malgré cette douleur
Et même quand il fut âgé,
Quelque chose put alléger
L’attraction de la pesanteur ?

A son départ nous avons trouvé
Ce que précieusement, contre lui, il conservait :

Parmi toutes les factures, tous les papiers
Parmi tout ce qui concernait ses affaires :
Des lettres d’amour pour notre mère
Dont il parsemait chaque jour l’oreiller.

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Te rappelles-tu ?

Au début, on se dit bonjour.
Tout simplement.
Et puis, un beau jour
Tu sors du lot des mamans.

A la sortie de l’école,
Je te revois, à l’aise avec tous.
Tu souris aux enfants, pour des bricoles,
Te baisses, les embrasses, douce.

Poignées de main aux parents.
Les enfants sortent en rang.
Mon fils est dans la classe du tien.
Ton mari a un vécu semblable au mien.

Je découvre que tu joues du piano
Soignes les oiseaux jeunots.
Tu lis abondamment,
Et jardines allègrement.

Curieuse de tout, tu apprends, avide :
Les hiéroglyphes n’ont pour toi aucun secret.
Tu reprends gentiment un guide
En Egypte qui en reste éberlué.

Tu pars en Inde ? Tu t’atèles au sanskrit
Parlé et même écrit.
Tu pars en Chine ? Même si c’est un peu tard,
Tu apprends le mandarin standard.

Quelle est cette fée
Qui s’est penchée sur toi
Lorsque tu es née
T’offrant tous les dons à la fois ?

Nous échangeons nos impressions
Sur des gens, catégoriquement,
Ainsi que nos admirations,
De quelque personnage de romans.

Nous nous connaissons à tel point
Que pour tout prologue et tout épilogue,
Même si ça remonte à loin,
« Tu te rappelles ? » suffit à nos dialogues.

Souvenir, lorsqu’il reste entier,
Fil de la vie et de ses amitiés ;
Lien de connivences entre hier
Et le futur dont on ne doute guère.

Tu te rappelles ? Tu te rappelles ?
Les années sont passées.
Et l’écho renvoie cette ritournelle,
Sur un autre ton prononcée.

Car l’esprit de mon amie
Est parti, ne laissant plus là
Que son corps en vie
Avec plein de tracas.

Avec ce qui te reste d’audace
Tu ris de ce qui t’embarrasse.
Tous ces mots vides de sens
Que tous ces gens se balancent.

Juste des bulles inintéressantes
Qui ne t’entraînent pas avec elles.
Et tu restes assise, toujours aussi belle
Mais, aussi, tellement absente.

Ton mari est là, plein de courage
Et, navré de ce naufrage,
S’occupe avec amour de sa femme
Redevenue enfant, c’est infâme.

Il t’annonce ma visite.
Et je crois bien que, sans ce rite,
Cou tendu, tête penchée,
Tu ne saches qui vient t’approcher.

Egoïste, il faut que tu me pardonnes,
Je préfère laisser de côté
La réponse que tu te donnes.
Mais je peux la deviner avec facilité.

Ton mari, avec plein de tact,
Te fait faire de menues tâches
Pour qu’au moins au présent tu t’attaches,
Que tu ne perdes pas contact.

Car ce présent qui, sitôt né, nous fuit,
Graine en devenir du futur,
N’est plus rien pour toi, tu t’y ennuies,
Tu ne saisis plus l’aventure.

Coincée entre un passé qui s’efface
Et un avenir sans espace,
Tu te réfugies vers de nouvelles activités :
Tu n’es pas avec nous, tu es à côté.

Tu cruciverbises,
Tu sudokuises.
Tu le tues ce temps,
Qui dure, à présent, si longtemps.

Pour profiter de toi,
N’attendre plus rien.
Juste savoir que tu es là
C’est déjà bien.

Mais comme il faut être forte !
Et à cause de l’amitié que je te porte
J’ai envie, avec tendresse, de te dire
« Je trouve que tu exagères de ce que tu nous fais subir ! »

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Apprentissage du langage

Travailler au bureau,
C’est vraiment très enrichissant.
Par tout ce qu’on y apprend
Des autres, pas seulement du boulot.

Moi qui ne suis pas loin
De l’âge de la retraite,
Je découvre, stupéfaite,
De nouveaux baragouins.

Ainsi, lorsque Nelly
M’envoie des plis
Il faut que je décode
Les langages à la mode.

Après les smileys
Voici le langage des chatteurs
Beaucoup moins décorateur
Mais peut-être plus anglais.

Qu’est-ce que je rigole
Lorsque je vois arriver LOL.
Et même qu’avant-hier,
J’étais MDR.

Dans ce comique duel
Loin de ce monde IRL
Je rêve ASAP,
Qu’enfin je l’épate.

En fin stratège,
J’abrège
Et vous prie d’accepter
Mon slt.

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