Archives de l’auteur : Jasnièrane

Soif d’amour maternel

Dans le bus un enfant crie,
Désespéré, malgré sa jeunesse ;
Tangible est sa détresse.
Tendrement des gens lui sourient.

Mais ça n’est pas pour eux
Que régulièrement sa mélopée s’élève.
Il veut l’amour de sa mère, il en crève.
On le voit, il ne doit rien lui arriver d’heureux.

Lui, il est là, tassé contre la portière, tout petit,
Comme s’il avait besoin d’être abrité.
Elle, elle lui glisse un regard sans empathie
Et même, parfois, de dureté.

Un mot d’elle ça serait déjà bien
Ca serait entre eux un lien.
Mais derrière ce regard vitreux
On soupçonne tout autre contact désastreux.

A l’arrêt, la famille descend.
Contre une terrasse de café il se rencogne
Tandis qu’effectivement sa mère le cogne.
Du bus, les regarder est indécent.

Il est difficile d’intervenir dans la vie d’autrui
Et contre la violence d’une mère,
Simplement soupçonnée, qu’aurais-je dû  faire ?
Depuis, ce souvenir me poursuit.

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Bébert la valise

En route pour le bureau
Il n’avait rien d’un tourtereau.
Son gros cartable pesant de tout son poids
L’obligeait à s’arrêter parfois.

De travail, comme de tout, il était boulimique.
Homme d’affaires au maintien sérieux
Démenti par son regard tendrement ironique.
Toujours flanqué de ce compagnon mystérieux.

Il avait le cœur et le corps sinistrés
Mais jamais il ne le montrait.
Sa première famille était partie en fumée
Mais une énergie vitale l’animait.

Qu’est-ce donc qui le poussait à cet exploit
D’avancer, boitant tel un balancier
Faisant en permanence contrepoids
A cette lourde charge de dossiers?

Se put-il que malgré cette douleur
Et même quand il fut âgé,
Quelque chose put alléger
L’attraction de la pesanteur ?

A son départ nous avons trouvé
Ce que précieusement, contre lui, il conservait :

Parmi toutes les factures, tous les papiers
Parmi tout ce qui concernait ses affaires :
Des lettres d’amour pour notre mère
Dont il parsemait chaque jour l’oreiller.

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Le merle

Chant du merle noir, Utrecht, Pays-Bas, trouvé sur Wikipedia

Aujourd’hui c’est la fête,
Le merle chante à tue-tête.
L’air est froid, le ciel bleu.
Ca le rend tout heureux.

Je voudrais que son chant pur,
Qui résonne sur cette place, dure…
Car j’aime cet air de fête,
Et le merle qui chante à tue-tête.

Ce beau merle vêtu de noir
Pour la vie établit son territoire.
De ce son cristallin, il appelle
Celle qui sera sa femelle.

Je ne suis plus à Paris, je suis sur pause
Je courrais pour pas grand-chose.
Pour des courses de chaque jour,
Rien qui vaille ce chant d’amour.

Comme une bulle me voici légère
Car soudain voici que j’espère :
« Bientôt viendra le printemps »
Annonce le merle chantant.

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Ambiguïté

Amour, je t’appelle.
Même absent, irréel.
Je ne te nomme pas
Et te parle tout bas.

Je te fabrique unique
Un peu comme aucun.
Comme un puzzle magique
Avec un peu de chacun.

Avec eux, mes éphémères,
Je crains de te confondre.
Je te préfère chimère
Pour eux peux-tu répondre ?

Désormais égoïste
J’ai peur de me donner
Peur de m’abandonner.
Je sais que je résiste.

S’il est habituel
Qu’Amour, je t’appelle,
Renonce à exister,
Je suis Ambiguïté.

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Effacé !

Extérieur : brouillard.
Intérieur : Un enfant devant une fenêtre.
« Regarde, maman, ils ont tout effacé ! »

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Fumée

Arabesques fumeuses
Sortant de la cheminée.
Sales caractères dans le vent.

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Cirque d’hiver

J’aime les lions méchants.
Ils m’ont bien plu.
Mais hypnotisé, me penchant
Je ne parle plus.

Ils brillent, leurs yeux.
Vont-ils manger le monsieur ?
Ils lèvent la patte
Bien haut, toute droite.

Les clowns se renversent de l’eau,
Se cassent des œufs sur la tête,
Jouent de la trompette
Et crient, c’est rigolo !

Une dame se tourne
Et se retourne,
Une corde lisse
Autour de la cuisse.

Un poney court. Ca balance.
Un petit chien court dans l’autre sens,
Et complètement déchaîné,
Saute sur le poney.

Je grimpe sur les genoux de ma mère.
Des gens sautent en l’air
Et en un tournemain
Ils s’attrapent par la main.

J’ai vu aussi une roulotte
Avec des chèvres rigolotes,
Des enfants avec des ballons,
Des lamas qui tournaient en rond.

Il y avait aussi des chevaux blancs qui deviennent bleus
Et encore beaucoup d’autres choses à voir :
Mais ce qui m’a rendu le plus heureux
Ce sont les lions méchants, vous pouvez me croire !

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Pluie

Il pleut des cordes.
Torrents dans les caniveaux.
Plaisir des enfants attachants.

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Parapluie

Parapluie inconstant
Qui se retourne avec le vent.
Baignoire à baleines.

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Mine

Ce vent glacial
Me donne bonne mine.
Je vais pouvoir dessiner.

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