Archives mensuelles : octobre 2009

Des constellations de ballons

« Mon ballon ! Donne le moi !»
Claironnas-tu matois.
C’était ton dû, cet objet de publicité.
Il ne fallait pas t’en conter.

Tu sortis conquérant
de ce restaurant
Où nous avions déjeuné
Pour finir la matinée.

Ce ne fut pas une mince affaire
De te glisser à l’arrière
De ma petite voiture
Et de te mettre ta ceinture.

Avec ce nouveau compagnon
Tu étais vraiment trop mignon
Fier comme Artaban
Malin comme un forban.

Je te regardais dans le rétroviseur
Tu étais très causeur.
Une vraie séance de cinéma
Sur fond de frimas.

Alors, vas savoir pourquoi,
Et malgré ce froid,
D’un irrépressible élan
Tu ouvris la vitre. Vlan !

Trop vite tu avais gaffé
Le dégât était fait.
Calmé tu t’es penché
Et m’as dit « Vas le chercher ».

Dans le ciel comme au ralenti
Très loin il était parti
Vers d’autres horizons
Jusqu’à une probable crevaison.

Je t’ai expliqué que ça n’était pas possible,
Qu’il était inaccessible.
J’ai cru que tu serais déçu
Mais tu étais bien au-dessus.

Vers les cieux ton doigt as pointé
Et très docte as décrété :
« Les ballons aussi ça fait des points
Qui brillent et qui scintillent au loin.

Sais-tu que les étoiles sont pareilles
Oui, vraiment, pareilles à notre soleil ?
».
Des ballons, devant tant de réflexion,
Je t’en aurais donné des constellations.

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Au secours, papa, j’ai peur !

« Au secours, papa j’ai peur ! »
Tu m’étudies de ce regard qui me broie.
J’ai l’impression que je me noie.
Pour moi c’est le déshonneur.

Tu es là, près de moi, pour me rassurer,
Mais ton regard acéré
Me donne envie de retirer
Les mots que j’ai osé murmurer.

Ton regard d’amabilité
Ce matin plein d’adoration,
Cet après-midi, de déception,
S’est empli de dureté.

Je te reconnais,
Avec toi rien ne peut m’arriver.
Mais je suis désarçonnée
Par cette lueur que j’ai trouvée.

Je t’ai déçu,
Et je crains que ça ne soit qu’un aperçu.
Comment faire pour remonter le temps
Et effacer ce qui te change tant ?

Tu me réponds sans un sourire
« La peur n’a jamais rien évité ».
Ces mots, je ne peux plus te les dire,
Mais ne cesse pourtant de me les répéter.

L’aide ne viendra pas de toi
Mais je ne comprends pas pourquoi.
Toi qui a toujours tout pu…
Le charme est comme rompu.

Ce jour-là, sans vraiment réaliser,
Je venais de deviner
Une dureté canalisée,
Insoupçonnée.

Comment pouvais-je comprendre
Le tourment qui en permanence t’affligeait ?
Cette autre famille que tu n’avais pu protéger
Et qui malgré toi n’avait pu se défendre.

Avec ces simples mots d’enfance,
J’avais, en pleine journée, ranimé
Ce que chaque nuit, avec lancinance,
Tu revivais et qui te consumait :

Des wagons plombés cendreux,
D’où tu étais revenu sans eux.

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Averse en mai

La dernière fois que j’avais levé le nez,
Le ciel uniformément crème m’avait étonnée.
Des bruits montaient jusqu’à moi,
Qu’habituée, je n’entendais plus, toutefois.
Je travaille, penchée sur mon ordinateur,
Nullement préoccupée de l’extérieur.
Pourtant, un subtil changement.
Sans détacher mon regard de l’écran
J’allonge le bras lentement
Et tourne le variateur d’un cran.
Faisant ce geste, je réalise
Qu’il n’est pas l’heure d’allumer.
Je redresse alors la tête surprise
Et comme sur une palette, je vois germer,
S’effilocher et s’entrecroiser
Toutes sortes de bleus et de grisés.
Bleu de Prusse et fer
Sont en train de se défaire,
Relayés par l’anthracite
Que pétrole et ardoise phagocytent.
Silence. Le monde est insonore.
Il ne pleut pas encore.
Mais une sacrée saucée
Est en train de s’amorcer.
Et soudain
Des coups de gourdin :
Dehors
Les gouttes tapent fort.
Mais une fois encore
La lumière a devancé le bruit :
Un rideau translucide luit
Reflétant éclats argent et or.
Pas le temps de tomber à la renverse
Il ne reste déjà plus de cette averse
Qu’un ruisseau glissant silencieusement
En vagues sur les toits des bâtiments.

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Dans le panier du jardinier

Bonjour, Monsieur le jardinier !
Qu’avez-vous dans votre panier ?
Des fleurs violine
Pour mon amie Catherine
Avec beaucoup de pétales
Pour mon amie Chantal.

Avez-vous des fleurs orange
Pour ma fille Solange ?

Dans votre panier d’abondance
Qui, à votre bras se balance,
De loin, je vois
Un très joli choix.
Des roses, des pétunias
Et pour Santina des zinnias.

Avez-vous des fleurs orange
Pour ma fille Solange ?

Des rhododendrons,
Des noisetiers
A planter en rond
Près du sentier.
Un ginkgo à mettre dans l’eau
Pour mon ami Paulo.

Oui, mais les fleurs orange
Pour ma fille Solange ?

Vous avez aussi
Et je vous en remercie,
Un arbre de Judée
Qui plaira à Dédé,
Du thym et du laurier
Avec quelques poiriers.

Et mes fleurs orange
Pour ma fille Solange ?

De ma fille, ma vie,
J’aurais aimé combler l’envie.
Vous n’entendez pas bien
Ou êtes-vous daltonien ?
Mais que vois-je là
Près des lilas ?

Des azalées orange
Pour mon doux ange.

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Un lapin pas très malin

A l’heure où bourdonnent les abeilles,
Derrière la butte, bougent deux oreilles.
Qu’y a-t-il en dessous ?
Ici, on peut s’attendre à tout.

Sur la chaussée, un lapin ?
Il ne serait pas très malin.
Quelque bique en vadrouille
Qui n’a vraiment pas la trouille ?

Ou bien alors un chien ?
D’où je suis, je ne vois pas bien.
Un reflet auburn et acajou :
C’est un renard tout roux !

Méfiant, son museau relevant
Il hume le vent
Et fixe avec raison
L’intérieur de la maison.

Il aimerait, dans le jardin, entrer,
Mais sans le montrer.
Il veut, mais n’ose pas
Il avance à petits pas.

Il longe la route en rampant
Quelle ruse, sacré chenapan !
A raté le but qu’il s’était fixé
Une fois le portail dépassé.

Quelques instants plus tard,
Il n’y tient plus et revient
Toujours l’air de rien,
Comme par hasard.

En fait, sans payer de loyer,
Il voulait dans le jardin
Y creuser son terrier
Sous les noisetiers. Quel gredin !

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Espoir de les revoir

Ce soir deux hirondelles
Sont venues à tire d’ailes
Elles ont décrit quelques ronds
Au plafond du salon.

Les fines mouches
Voulaient y faire souche.
Pouvaient-elles vraiment s’y fier
Pour y nidifier ?

En fait, elles s’y voyaient déjà
Un peu de boue et de salive
Accroché aux solives
Pour un joli résultat !

Elles semblaient emballées,
Mais ce ballet j’ai fait cesser
En baissant le volet
Pour qu’elles ne puissent se blesser.

Depuis lors, ça me démange
D’enlever de la grange
Le haut de la porte
Pour qu’elles entrent et sortent

Et retrouver, fascinée,
De leurs trilles le son
Que nous écoutions à Marçon
Où nous allions nous promener.

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Apprentissage du langage

Travailler au bureau,
C’est vraiment très enrichissant.
Par tout ce qu’on y apprend
Des autres, pas seulement du boulot.

Moi qui ne suis pas loin
De l’âge de la retraite,
Je découvre, stupéfaite,
De nouveaux baragouins.

Ainsi, lorsque Nelly
M’envoie des plis
Il faut que je décode
Les langages à la mode.

Après les smileys
Voici le langage des chatteurs
Beaucoup moins décorateur
Mais peut-être plus anglais.

Qu’est-ce que je rigole
Lorsque je vois arriver LOL.
Et même qu’avant-hier,
J’étais MDR.

Dans ce comique duel
Loin de ce monde IRL
Je rêve ASAP,
Qu’enfin je l’épate.

En fin stratège,
J’abrège
Et vous prie d’accepter
Mon slt.

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Mamie, c’est fini

Voici quelques semaines
Que mon Eliassou, amène,
Me prédit ma mort prochaine
Et le chœur de reprendre cette antienne !

« Oui, je pense ». Et même de conclure
En cadence : « J’en suis sûr ».

Va-t-il me verser du bromure
Avec désinvolture ?
M’assommer avec une bouteille
Dans mon demi-sommeil ?

Et de conclure « Oui, je pense »
« Et même, j’en suis sûr » en cadence.

Si je ne vois pas de drame à l’Opéra,
Mon petit-fils, en son logis, en rêve.
Il craint que ma vie ne soit brève,
Et redoute ce qui arrivera.

Je ne veux pas de l’agonie
D’Iphigénie !
Je ne veux pas m’épandre
Comme Cassandre.

Même si je ne suis pas de ta génération.
Je ne veux pas de cette figuration !

Je ne suis pas Violetta
De la Traviatta,
Même si tu me vois, Elias,
Passer de vie à trépas !

Même si je ne suis pas de ta génération.
Ne crains rien par anticipation !

Et je te le susurre
A défaut d’en être sûre

« Nous avons encore, mon aimé,
Beaucoup de chants à faire rimer
».

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Migraine, c’est la haine

Ça commence dans la nuit par un mal de tête.
Tu te dis dans le sommeil :
« Demain, ça ne sera pas pareil »
Et tu te rendors. Mais à chaque fois ça se répète.

L’inévitable batterie sourde
Tape à ta tempe.
Ta tête devient lourde,
Sueurs froides. Tes draps tu trempes.

C’est déjà trop tard pour bouger
Mal au cœur, nausées :
Gueule de bois sans alcool.
Pour oublier, tu te fais toute molle.

Surtout chaque seconde,
Te fermer au monde :
Yeux, bouche, oreilles
Pour éviter que toute agression ne t’atteigne.

Essayer de dormir
Tu vas tenir, encore tenir.
Te dire que le présent va passer
Que plus tard ça va cesser.

A force de médicaments
Tu te remets lentement
Tu reviens à la vie
Encore toute estourbie.

Que la vie est belle !
L’oublier est vraiment trop bête.
Il faut que je me le rappelle
Quand ça s’arrête.

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Hannah et le bonhomme de neige

Tu poses, vraiment fière,
Sur fond de neige, tâche cerise.
Yeux et bouche grands ouverts.
Aux mains des moufles on t’a mises.

Il n’y a pas de soleil
Mais ton père veille.
Avec ce temps, vous vous êtes reposés
Et vous êtes bien amusés.

Immense, ton papa,
Tout de noir vêtu, s’emploie
A rire aux éclats
Pour t’entraîner dans sa joie.

Entre vous deux, un nouvel ami
Dans un drôle de déguisement.
Son teint est tout blanc.
Il me semble souffrir d’hypothermie.

Tête sur le côté penchée,
Derrière ses lunettes le regard est caché.
Mais il sourit avec amabilité,
Une luge pend à son côté.

Ma chérie, mon adorée,
Il faut que tu le saches,
Avant que tu ne t’attaches :
Ton ami va s’évaporer.

Aux premières chaleurs
Cet hurluberlu, ce rêveur,
Va jouer les filles de l’air
Et fondre en un éclair.

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